La grande majorité des entreprises manufacturières du Québec connaissent des problèmes d’approvisionnement. En effet, au cours des dernières années, en raison de la pandémie, de la géopolitique mondiale et des pénuries de main-d’œuvre, les chaînes d’approvisionnement internationales se sont fragilisées. Nous sommes donc dans une situation historiquement inédite, où les entreprises font face à des difficultés non pas causées par un ralentissement de la demande mais par un ralentissement de l’offre, avec un perte de capacité qui peut aller jusqu’à l’arrêt temporaire de la production. En effet, les délais d’obtention de certaines pièces sont difficilement soutenables dans de nombreuses industries. Certain∙e∙s estiment que ces ruptures de la chaîne et les retards de production qu’elles entraînent sont structurels et pourraient perdurer au moins pendant les deux prochaines années. L’enjeu réside donc dans l’obligation de gérer le présent tout en préparant l’avenir.
Stéphane Drouin, Vice-président – Achat québécois et développement économique chez Investissement Québec se consacre à développer la stratégie pour l’achat local des entreprises québécoises. Selon lui, la crise actuelle peut se transformer en opportunité pour ceux qui sauront se réinventer et collaborer localement. Il a présenté aux membres d’EntreChefs PME quelques solutions pour s’adapter rapidement que nous vous résumons ci-dessous.
La régionalisation des intrants : réorganiser l’approvisionnement au Québec.
Le renforcement des chaînes d’approvisionnement locales présente plusieurs avantages non négligeables. Les fournisseurs québécois offrent en effet :
- Plus de fiabilité : en raccourcissant les trajets des intrants, notamment ceux à forte valeur ajoutée, et en éliminant plusieurs intermédiaires, on renforce l’ensemble de la chaine d’approvisionnement.
- La possibilité de réduire les problèmes de trésorerie et de stockage des entreprises qui ont dû augmenter leur inventaire pour s’assurer de la disponibilité des intrants à court terme.
- Plus d’agilité opérationnelle : une collaboration de proximité, avec un fournisseur qui parle la même langue et qui est soumis aux mêmes législations, peut favoriser les solutions agiles et stimule l’innovation ciblée.
- Une réduction de l’empreinte environnementale : se fournir localement, c’est aussi moins de transport pour les intrants et plus d’investissements durables pour répondre à des exigences environnementales de plus en plus sollicitées par les client∙e∙s (ex : norme ISO 14 000)
- Une grande qualité dans la production.
- De préserver de bonnes relations client.
Plus cher l’approvisionnement local?
La substitution des importations dans le réseau de proximité ne représente pas forcément un coût disqualifiant pour les fournisseurs québécois. En effet, notamment avec les hausses de prix que l’on connaît avec la crise actuelle, le surcoût d’un approvisionnement dans sa région tend à s’amenuiser : Stéphane Drouin invite les entrepreneur∙e∙s québécois∙e∙s à faire l’exercice, grâce à un outil développé par Investissement Québec et disponible gratuitement, qui permet de calculer le vrai coût de l’approvisionnement local, selon 25 paramètres.
D’autre part, il faut prendre en compte les bénéfices de long terme d’ un investissement au Québec, qui permet de recréer la sécurité de la chaîne d’approvisionnement mais aussi de soutenir le pouvoir d’achat des communautés locales.
Des solutions mixtes sont possibles
On peut continuer à s’approvisionner à l’étranger en s’engageant à créer une redondance locale des unités de production. On peut également rapatrier une partie de sa production, ce qui se révèle utile en cas de rupture de la chaine internationale. Ainsi, certaines entreprises intègrent verticalement une partie de la fabrication des intrants à-même leur production, grâce à l’automatisation ou à des imprimantes 3D par exemple, ou font le choix de sous-traiter localement la production d’intrants des faible valeur ajoutée.
Stéphane Drouin insiste également sur l’importance de la fonction d’approvisionnement de de gestion des achats au sein des entreprises qui est devenue hautement stratégique, mais pour lequel on manque de compétences au Québec. Il assure qu’IQ se penche sur la question afin de développer ces compétences à plus grande échelle.
Quelques pistes de solutions à court terme
- Trouver des fournisseurs locaux. Investissement Québec a rendu disponible les répertoires de l’ICRIQ afin de faciliter la recherche et l’identification d’un fournisseur québécois dans sa région d’activité
- Intégrer ses fournisseurs dans la réflexion pour trouver une solution commune. On peut par exemple leur donner une vision à plus long terme des commandes à venir pour leur permettre d’affiner leurs propres prévisions.
- Recycler et réusiner les équipements usagés.
- Rapatrier un partie de sa production grâce à l’automatisation et aux imprimantes 3D.
- Nouveau programme Essor de IQ, orienté vers la PME (plus d’info à venir).
Visionner le webinaire EntreChefs PME en intégralité en suivant ce lien.