Faire évoluer les milieux de travail pour favoriser la santé mentale

Cet article a été rédigé par Michael Cooper – Vice-président du développement et des partenariats stratégiques pour Recherche en santé mentale Canada, en partenariat avec Beneva.

De nombreuses entreprises comprennent la nécessité d’une saine gestion de la santé mentale en milieu de travail. Récemment, une question toute simple a été posée par un employé lors d’une réunion de direction : quelqu’un ici a-t-il déjà reçu un diagnostic de problème de santé mentale? Ou peut-être un membre de sa famille? Le quart des participants a levé la main. Et un autre quart a fait de même lorsqu’ils ont senti qu’il était sécuritaire de le faire. C’est alors que l’entreprise a pris les mesures qui s’imposaient.

Investir dans les programmes de santé mentale rapporte

Les problèmes de santé mentale ont un impact considérable sur les entreprises canadiennes. Chaque année, ils engendrent des pertes en productivité et en coûts liés aux demandes de prestations d’invalidité d’au moins 6 milliards de dollars. Une recherche réalisée par l’organisme Recherche en santé mentale Canada (RSMC) a aussi démontré qu’environ 8 % des travailleurs s’absentent du travail chaque semaine en raison de problèmes de santé mentale. De plus, 22 % d’entre eux indiquent que lorsqu’ils sont au travail, leurs problèmes de santé mentale ont un impact sur leur capacité à travailler.

C’est pourquoi les employeurs ont compris qu’une bonne santé mentale au travail est favorable à la rentabilité d’une entreprise. Publiée avant la pandémie, une étude de Deloitte révélait que chaque dollar investi dans les programmes de santé mentale en milieu de travail rapportait 1,62 $ à l’employeur. Plus le programme de santé mentale est bien établi, plus le rendement est élevé. Et il est même probable que le rendement des investissements soit encore plus élevé étant donné que les besoins ne cessent d’augmenter en santé mentale. L’Association canadienne des compagnies d’assurance de personnes (ACCAP) a d’ailleurs indiqué que les versements liés aux soins de santé mentale ont augmenté de 75 % depuis le début de la pandémie.

Offrir des programmes diversifiés pour changer le paradigme

Les compagnies d’assurance collective entendent parler de ce besoin directement des employeurs. De nombreux fournisseurs de soins créent ou ont mis en œuvre une offre de soutien interne en santé mentale, comme une thérapie cognitivo-comportementale.

Les gouvernements sont aussi attentifs à cette discussion. En effet, entre autres initiatives, le gouvernement fédéral a tenu une consultation sur l’inclusion de nouvelles mesures de soutien psychologique en 2020 et 2021.

Mais comment fait-on pour amorcer un changement de paradigme en santé mentale au travail? On commence à reconnaître que la question peut être complexe, chargée et déroutante pour les non-initiés.

Au Canada, plus de 500 initiatives de santé mentale en milieu de travail existent actuellement, bien que la plupart d’entre elles découlent des mêmes 10 à 12 produits de base. Le site Web de RSMC est un bon point de départ, car il donne accès à plusieurs ressources gratuites ou à faible coût offertes au Canada. Les programmes varient : soutien à des entreprises pour des besoins spécifiques, solutions de gestion de crise et options de suivi à long terme.

Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail

Plusieurs ressources vous diront la même chose : le soutien en santé mentale n’est qu’une partie de l’équation; la façon dont vous gérez vos employés et l’organisation du travail sont aussi des éléments importants.

La plupart des ressources font référence à la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail. La Norme nationale, également reconnue au niveau international, s’avère un excellent outil et un incontournable à lire et à comprendre si vous êtes dans le domaine des ressources humaines.

Facteurs psychosociaux de la Norme nationale

L’outil Protégeons la santé mentale au travail, dont les facteurs psychosociaux font aussi partie de la Norme nationale mentionnée ci-dessus, est également une excellente ressource. Un outil d’évaluation gratuit est aussi offert par le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail. Il tient compte de 13 facteurs qui influencent la façon dont les employés sont mobilisés au travail :

  • Culture organisationnelle
  • Soutien psychologique et social
  • Leadership et attentes claires
  • Politesse et respect
  • Exigences psychologiques
  • Croissance et perfectionnement
  • Reconnaissance et récompenses
  • Participation et influence
  • Gestion de la charge de travail
  • Engagement
  • Équilibre
  • Protection de la sécurité psychologique
  • Protection de l’intégrité physique

RSMC a mené l’une des plus grandes études récentes sur l’état actuel de ces facteurs en santé mentale. Celle-ci pourrait servir de référence lors de votre propre évaluation. Pour en savoir plus sur chacun de ces facteurs psychosociaux mentionnés ci-dessus ou pour consulter l’étude, vous pouvez consulter le site Web de RSMC.

Finalement, il est possible de créer un milieu de travail sain qui favorise la santé mentale et la résilience de vos employés. Grâce au soutien offert par vos avantages sociaux, des programmes comme les PAE et autres outils internes, vous pouvez bâtir un environnement qui répond aux divers besoins de vos employés.

Pour aller plus loin



Ne manquez pas la conférence Lève-tôt Beneva sur la santé mentale lors du Grand rassemblement annuel les 7 et 8 mai prochains.

Vous assisterez à un échange entre Martin Enault, entrepreneur en résidence en chef du Centech et reconnu comme étant un bâtisseur avant-gardiste de nouvelles industries, et Brigitte Marcoux, directrice nationale à l’excellence des pratiques en prévention et santé organisationnelle chez Beneva, sur le thème : Un équilibre possible malgré le chaos de l’entrepreneuriat.

Martin

À propos de l’auteur

Michael Cooper est vice-président du développement et des partenariats stratégiques, Recherche en santé mentale Canada. Il supervise les partenariats et les divers projets de collecte de données de l’organisation pour suivre les indicateurs de santé mentale de la population canadienne. Il participe activement à de multiples groupes de travail qui traitent des questions liées à la santé mentale en milieu de travail. Il est aussi collaborateur et conseiller pour de nombreux projets en santé mentale en milieu de travail au Canada.