Être son premier actif
Comme la plupart des entrepreneurs, le 23 mars 2020, Stéphanie Bouchard a franchi la ligne de départ d’un ultramarathon, dès l’annonce de la fermeture des entreprises au Québec. L’entrepreneure est alors partie en mission : création d’un groupe Facebook pour les employé∙e∙s visant à perpétuer une communication interne claire et transparente à distance; distribution des documents de mise à pied temporaire dans un esprit de bienveillance; livraison d’un plus grand nombre de services aux client∙e∙s eux-mêmes en gestion de crise, etc. En premier lieu, il était important pour l’entrepreneure d’assurer une présence rassurante et humaine pour ses employé∙e∙s.
Que faire de sa propre vulnérabilité et comment consolider ses points d’appui décisionnels?
L’une des décisions les plus difficiles pour Stéphanie a sans doute été de fermer temporairement ses portes. En effet la question se posait : l’entreprise du domaine de la réparation automobile était-elle un service essentiel? L’entrepreneure se souvient d’une double indication (fermer, ne pas fermer), qui, pour elle, a été l’un des éléments déclencheurs de son stress, de sa détresse psychologique. Après s’être appuyée sur ses concurrent∙e∙s elle a finalement décidé de fermer le 24 mars 2020.
« Ce jour-là, je suis redevenue une mère. Je me suis comme sauvée du commerce pendant 2 ou 3 semaines [jusqu’à la réouverture]. Je ne voulais plus en entendre parler », nous confie-t-elle.
Stéphanie Bouchard, qui est une cheffe d’action très organisée, ne se reconnaissait pas dans sa réaction d’évitement. Selon Lucie-Anne Fabien, présidente de Metaconscience, cette réaction est toutefois tout à fait normale : l’experte nous explique que lorsqu’on est en stress extrême, le cerveau nous annonce un danger. Trois options s’offrent alors à nous : se cacher, se battre ou se sauver. Le stress prend alors le dessus sur toutes les autres parties du cerveau. Résultat : l’humain n’a plus accès à ses fonctions exécutives. Les capacités de discernement, d’apprentissage et de décision n’étaient chimiquement plus accessibles pour la présidente d’entreprise.
Comment les retrouver pour se sauver soi-même, l’entrepreneur∙e, et pour sauver l’entreprise?
Pendant sa période de stress extrême, Stéphanie Bouchard a complètement oublié son entreprise pour se recentrer sur les éléments fondamentaux de sa vie selon elle, en se :
- Créant une routine, incluant des siestes;
- Connectant à la terre par le jardinage;
- Accordant du temps pour découvrir de nouvelles recettes et pour cuisiner;
- Concentrant sur les moments précieux avec ses enfants et son conjoint.
Des moyens qui combinent sommeil, exercice et pleine conscience : une formule gagnante selon Lucie-Anne Fabien, qui rappelle aux entrepreneur∙e∙s qu’il « faut prendre soin de soi, car on est son meilleur actif ».
Prendre soin de soi, c’est ce qu’a fait Stéphanie. Depuis l’entrepreneure va mieux. Son entreprise a rouvert ses portes le 10 avril 2021. Elle continue tout de même aujourd’hui de mettre en place différents moyens pour diminuer son stress quotidien et pour conserver une bonne santé mentale. Entre autres, dès qu’elle termine sa journée de travail, elle crée une coupure en allant à l’écurie. Être avec son cheval est pour elle une bonne manière de vivre le moment présent. L’experte propose aussi l’exercice de pleine conscience STOP.
Les apprentissages de Stéphanie
Résiliente, la présidente de Carrossier ProColor Jonquière, Arvida et Chicoutimi Nord nous partage ses apprentissages dans le but de nous inspirer à prendre soin de nous comme entrepreneur∙e :
- « Je suis fragile, mais je suis forte. »
- « Je suis à ma place. »
- « Je prendrai des pauses plus souvent. »