Santé mentale des entrepreneur·e·s : ce qu’on ne vous dit pas (mais qu’on devrait) 

Dans un climat économique incertain, les entrepreneur·e·s sont confronté·e·s à une pression constante : perte de contrats, instabilité politique, manque de ressources humaines et financières… Et pourtant, un sujet reste trop souvent dans l’angle mort des discussions : leur santé mentale

Un constat préoccupant 

Selon un rapport publié par la BDC en juillet 2025, basé sur un sondage auprès de 1 510 propriétaires de PME : 

  • 36 % déclarent que des problèmes de santé mentale nuisent à leur capacité de travailler au moins une fois par semaine. 
  • Ce chiffre grimpe à 60 % chez les moins de 40 ans, contre 19 % chez les 50 ans et plus. 

Ces données révèlent une réalité alarmante : les jeunes entrepreneur·e·s sont particulièrement touché·e·s. 

Dans notre websérie exclusive « L’envers », diffusée dans la Zone membre d’EntreChefs PME, des entrepreneur·e·s partagent avec authenticité les défis invisibles de leur parcours. À travers leurs récits, on découvre les coulisses de l’entrepreneuriat : épuisement, anxiété, résilience, équilibre de vie… Des histoires vraies, racontées sans filtre, pour inspirer, sensibiliser et créer un espace de dialogue autour de la santé mentale. 

Joaquim Blanchette, Hydrexcel : Rebondir après une perte de 80 % du chiffre d’affaires 

Joaquim Blanchette revient sur un moment critique : « En 2018, mon plus gros client est touché par un lock-out. Je perds 80 % de mon chiffre d’affaires. Et là, je ressens une forte anxiété. » 

La rentabilité, la trésorerie, la pression de maintenir l’équipe à flot… autant de facteurs qui peuvent rapidement affecter la santé mentale. D’ailleurs, 59 % des propriétaires de PME sondé·e·s par la BDC partagent cette inquiétude. 

Joaquim insiste sur l’importance de l’équilibre personnel : « Ce qui m’a sauvé, c’est d’avoir des ancrages solides et d’être bien entouré. En trois semaines, on a récupéré 80 % de notre clientèle. Mais sans cet équilibre, je me serais écroulé. »  

Maxime Bélanger, Groupe Xtreme : Quand le cerveau dit stop 

Maxime Bélanger, jeune entrepreneur ambitieux, a longtemps carburé à la performance. Porté par de grands rêves et une énergie débordante, il a enchaîné les années sans jamais prendre de recul. Jusqu’au jour où, enfin, il s’accorde des vacances. Mais ce moment de repos tant attendu ne lui apporte pas le soulagement espéré. 

« Je suis revenu vidé, démotivé. Mon cerveau était en shutdown. J’ai fait des tests, et on m’a diagnostiqué un burnout. » 

Ce n’est pas seulement la fatigue qui l’a rattrapé, mais un épuisement profond, accumulé au fil des années. Un signal d’alarme que son corps lui envoyait depuis longtemps, mais qu’il n’avait jamais pris le temps d’écouter. 

Maxime évoque aussi l’impact du contexte mondial sur son état : 

« On voit ce qui se passe avec Trump… ça affecte ma performance. » 

Son témoignage illustre un phénomène courant mais souvent ignoré : le burnout ne prévient pas, il s’impose. Il s’infiltre dans le quotidien, silencieusement, jusqu’à ce que le corps et l’esprit ne puissent plus avancer. 

Et Maxime n’est pas seul. Selon le sondage de la BDC, l’incertitude économique et politique affecte 47 % des propriétaires de PME au Canada.  

Dans un monde en perpétuelle turbulence, il devient essentiel de reconnaître les signaux d’alerte et de prendre soin de soi avant que le système ne s’effondre. 

Olivier Lefebvre, CS Paiements : Quand le corps parle, il faut savoir écouter 

Pour Olivier Lefebvre, tout a basculé un jour ordinaire, dans un lieu banal : le Costco. Ce qui devait être une simple course s’est transformée en un moment de panique intense. Son environnement s’est mis à tourner, son souffle s’est coupé, son corps s’est figé. 

« Je me promenais au Costco, tout s’est mis à tourner. J’ai manqué d’air, j’étais choqué. Là, je me suis dit : ça ne peut plus continuer. » 

Ce n’était pas un malaise isolé. C’était le point culminant de semaines de signaux ignorés : stress chronique, sommeil perturbé, irritabilité, hypersensibilité. Des symptômes qui s’étaient installés insidieusement dans son quotidien, comme chez tant d’autres entrepreneur·e·s. 

Ces signes sont loin d’être anodins. Selon les critères du DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), les symptômes suivants peuvent indiquer une dépression, un burnout ou un trouble anxieux généralisé : 

  • Fatigue persistante, perte d’énergie 
  • Troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) 
  • Irritabilité, agitation ou ralentissement psychomoteur 
  • Difficultés de concentration, indécision 
  • Perte d’intérêt ou de plaisir, sentiment d’échec ou de dévalorisation 
  • Modifications de l’appétit, douleurs physiques inexpliquées 

Ces symptômes, lorsqu’ils s’installent durablement, ne doivent pas être ignorés. Ils sont des signaux d’alerte que le corps et l’esprit envoient pour dire : stop. Reconnaître ces signes et chercher du soutien, c’est un acte de responsabilité envers soi-même, et envers son entreprise. 

Pour aller plus loin 

À travers L’envers, EntreChefs PME souhaite offrir à ses membres un espace d’apprentissage et de solidarité. Chaque mois, dans la Zone membre, découvrez une nouvelle thématique entrepreneuriale racontée à travers l’histoire singulière d’un·e membre. 

Voici un extrait vidéo des capsules traitant de santé mentale, où nos membres partagent leurs témoignages avec authenticité, pour vous donner un aperçu des réalités vécues, des défis surmontés et de la force qui naît du partage.

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